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La formation de formateurs et d’enseignants à l’obtention du C2i2e que j’anime depuis décembre 2016 (jusqu’à début juin 2017) m’invite à réfléchir sur le rôle du tuteur à distance.

En effet, cette formation se déroule quasiment entièrement à distance. Le tuteur joue ainsi un rôle fondamental pour que les participants « tiennent le choc » sur plusieurs mois et valident les items utiles à l’obtention du certificat.

Je tiens à jour un journal de toutes mes interventions, comptabilise le temps passé et note la spécificité de chaque type d’intervention dans le but d’écrire à la fin de cette formation un article d’analyse.

Pour affiner ma réflexion, je me suis procuré récemment le livre de Jacques Rodet :

L’ingénierie tutorale

Définir, concevoir, diffuser et évaluer les services d’accompagnement des apprenants d’un digital learning – JIP éditions – 2016

Morceau choisi :

À cet égard, les observations de différents systèmes tutoraux, essentiellement en milieu universitaire, amènent à avancer quelques chiffres qui restent néanmoins à réinterpréter pour chaque dispositif de formation.

Le premier contact, lorsqu’il est mené de manière individuelle et de manière synchrone nécessite de 15 à 60 minutes par apprenant. S’il fait l’objet d’une rencontre synchrone, comme une classe virtuelle, avec un groupe d’apprenants d’une vingtaine de personnes, sa durée peut se situer de 1 à 3 heures.

La quantification de l’animation d’un forum (lancement, réponses, relances, production de synthèse) dépend fortement de la participation des apprenants. À titre d’exemple, un forum réunissant une trentaine de participants pendant une semaine, aboutissant à la publication d’une trentaine de contributions et d’une centaine de commentaires, demande de 2 à 4 heures d’interventions de la part du tuteur.

La rédaction de messages proactifs peut être largement facilitée par la production de modèles dès la phase de conception, mais ceux-ci nécessitent fréquemment des adaptations qui demandent de 3 à 10 minutes.

La rédaction d’un message réactif nécessite, selon la complexité de la demande, des temps très différents. Il semble néanmoins raisonnable de fixer leur durée de 5 à 15 minutes.

L’animation d’une séance synchrone telle qu’une classe virtuelle demande un temps d’intervention du tuteur égal à celle de la durée de la séance multipliée par 1,5 à 2 afin de prendre en compte les tâches de préparation et de bilan.

La production d’une rétroaction à une production d’un apprenant est corrélée au volume de celle-ci. Elle peut être très courte et largement préparée en amont dans le cas d’un QCM, mais beaucoup plus longue dans le cas d’un mémoire. Il est à noter que cette tâche d’évaluation est souvent – tant en présentiel qu’à distance – sous-estimée, voire non prise en compte pour la détermination du temps de travail du tuteur. Le temps de lecture peut être estimé de 1 à 3 minutes par page, la prise de notes préparatoires de la rédaction de 50 à 100 % du temps de lecture, la rédaction de la rétroaction de 15 à 30 minutes par page rédigée.

Les chiffres donnés ci-dessus ne peuvent constituer un viatique qui dispenserait le concepteur de procéder à un travail d’estimation plus contextuel. La quantification des interventions tutorales correspond toujours à une estimation et à une projection que la réalité peut venir démentir, du moins partiellement.

Pages 42, 43, 44 – Autorisation de Jacques Rodet par courriel le 3 mai 2017.

Jacques Cartier
www.jacques-cartier.frwww.espace-formation.euwww.espace-formation.biz

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Le pédagogue, pour Philippe Meirieu, est un chercheur. Il n’a pas une attitude dogmatique par rapport au savoir, il le ré-explore en permanence. Il cherche à donner à l’apprenant le maximum de chance pour comprendre. Il utilise pour cela des méthodes variées, inductives et déductives, le travail de groupe, des manuels, des activités ludiques, … Son métier se renouvelle ainsi sans cesse.

Pour cela il doit donner des prises à l’apprenant (au sens de l’escalade) pour qu’il puisse esclader le mur, lui fournir des outils, un regard de confiance qui tolère l’erreur, créer un espace et des situations qui autorisent l’apprenant à apprendre par lui-même. Et puis, il le suit dans ses apprentissages, lui fournit des rétroactions sur la qualité de ses productions. Il joue un rôle d’entraîneur.

« L’autre apprend par lui-même, mais il ne peut pas le faire sans moi »

Nous ne sommes pas très loin de l’activité du tuteur sur une plate-forme !

Pour écouter la vidéo de Philippe Meirieu (Site Curiosphere : http://www.curiosphere.tv/)

>>>>>>>>>>>>>> Visionner la vidéo sur le site Curiosphere >>>>>>>>>>>>>>

De la complexité du dispositif

Publié: 15 février 2009 dans Lectures
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Une équipe de conception qui monte un dispositif de formation à distance opère forcément des choix pour ce qui touche à l’acte de former et à l’acte d’apprendre. Les termes qu’elle emploie pour qualifier son dispositif ne sont pas toujours parlants.

Jacques Audran dans son article « Le dispositif ne fait pas la situation : heurs et malheurs des formations en ligne » (1) indique que les termes à forte consonance technologique (e-Learning, plate-forme de formation, campus numérique, enseignement en ligne) sont bien flous et qu’il est difficile de savoir si l’on parle d’environnement, de pratiques, de situations ou d’activités des différents acteurs.

Il est difficile pour les concepteurs d’imaginer les échanges qui vont se dérouler entre tuteur et apprenants, entre apprenants et apprenants, entre tuteurs et équipe de conception. Même si une scénarisation est prévue, même si une charte du tuteur est publiée, les échanges ne peuvent être programmés !

Jacques Audran cite Habermas (2) :

« les situations ne sont pas définies au sens d’une délimitation rigoureuse. Les situations ont toujours un horizon qui se déplace avec leur thème. »

C’est le tuteur qui doit gérer ces situations. Son rôle est ainsi fondamental pour faire « vivre » le dispositif. Il se trouve ainsi au milieu d’un « faisceau de facilitations et de contraintes » (Audran, page 179), devant gérer des interactions avec les apprenants au travers des outils mis à sa disposition.

« Or, toute centration excessive sur un produit conceptuel, matériel ou logiciel peut entraîner une certaine perte de vue de la dimension que l’on pourrait nommer un peu rapidement « psychologique » d’un système de formation humain. Imaginer que la seule mise en ligne de cours, la seule existence de ressources ou d’exercices à portée de main, va conduire celui ou celle qui les atteint à être mis « en situation » d’apprendre résulte d’une confusion qui peut amener à dépenser beaucoup d’énergie à concevoir des environnements métaphoriques dits « interactifs », des architectures informatiques, des artefacts personnalisés qui, faute de dimension symbolique partagée, ne provoqueront pas l’intertextualité et conséquemment les interactions souhaitées. » – page 181

(1) Audran, J, Le dispositif ne fait pas la situation : heurs et malheurs des formations en ligne

Dans Charlier, B, Peraya, D, Transformation des regards sur la recherche en technologie de l’éducation, Bruxelles : De Boeck

(2) Habermas, J (1987), Théorie de l’agir communicationnel T2, Paris : Fayard

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Dans l’académie de Besançon, la préparation au concours de SASU est proposée en partie à distance. Pour la note administrative comme pour l’épreuve 2 (réponse à cinq à 10 questions de nature juridique), les séances en présentiel alternent avec les séances à distance. Chaque formateur suit entre 10 et 15 apprenants.

Les outils utilisés sont :

– un site Quickplace qui permet de retrouver les exercices et les corrigés mais qui donne aussi accès à un forum d’échanges. Les formateurs disposent d’un espace réservé qui leur permet d’échanger et de concevoir les sujets et les corrigés. Chaque apprenant dispose d’une fiche de suivi que le formateur et l’apprenant concerné sont les seuls à pouvoir consulter et modifier.

– Le courrier électronique en complément, notamment pour adresser aux apprenants les devoirs corrigés.

Dans cette formation qui mêle présence et distance, le formateur assume plusieurs rôles.

En amont de la formation, il est au sein d’une équipe un concepteur de devoirs. La pluralité des métiers représentés au sein de l’équipe des formateurs est une richesse qui permet de donner aux apprenants des conseils précis sur les principaux sujets au programme du concours et de les illustrer par des exemples concrets.

Lors des séances en présentiel, ce sont plus les aspects méthodologiques qui peuvent être discutés avec les apprenants. Ces séances sont aussi l’occasion de soutenir la motivation des apprenants de façon globale.

Les séances à distance permettent le contact personnel entre l’apprenant et le formateur qui peut alors être qualifié de tuteur. Par l’intermédiaire de la fiche de suivi, le suivi personnalisé des apprenants prend une dimension plus formelle. Elle permet à chaque apprenant de retrouver les étapes de son apprentissage et donne à voir une progression qui est un élément fort de la motivation. Le courriel permet de prendre contact directement avec ceux qui sont tentés par l’abandon

A distance les contacts entre apprenant et formateur passent par l’écrit et il est capital pour le formateur d’avoir le souci de la « juste remarque » : celle qui à la fois pointe les inexactitudes ou les erreurs mais qui permet aussi à l’apprenant de trouver une motivation pour poursuivre la formation. Le formateur doit donc trouver un équilibre entre son rôle d’expert des sujets au programme et un rôle qui relève plus du soutien motivationnel à apporter aux apprenants. C’est à la fois assez banal et essentiel d’affirmer que la confiance en soi est un paramètre capital dans une préparation concours. L’évaluation des travaux personnels est donc une des tâches primordiales du formateur, elle doit être menée avec finesse et précaution.

Par rapport au groupe d’apprenants, le formateur/tuteur doit s’efforcer aussi de favoriser les interactions dans le groupe. Le site Quickplace permet outre les échanges personnels par la fiche de suivi, des discussions asynchrones en groupe grâce aux forums. C’est sans doute un des aspects les plus complexes du rôle du formateur dans la mesure où le concours implique une forte concurrence entre les apprenants. Pour cette raison et sans doute aussi par manque de confiance en eux, ils sont peu enclins à engager des discussions dans les forums.

Dans ce dispositif, le formateur/tuteur est impliqué dès la conception de la formation : il doit être à la fois expert de contenu et fournisseur d’appui méthodologique, de soutien motivationnel, évaluateur attentif et acteur du suivi personnalisé des apprenants.

Pour conclure, il importe aussi que les formateurs apportent leur contribution à l’évaluation globale de la formation. C’est un des aspects du rôle de formateur sur lequel des progrès sont possibles parce qu’il est encore assez peu développé et formalisé. Les résultats des apprenants à l’issue du concours sont certes une donnée à prendre en compte mais d’une part, elle est plus quantitative que qualitative et elle ne prend pas vraiment en compte le groupe d’apprenants et la formation dans leur globalité.

N. R, formatrice

Ingénieur en foad

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Richard Pitre qui travaille comme tuteur à la Téluq (Télé université du Québec) échange avec nous sur le rôle du tuteur.

Une littérature abondante existe sur ce thème. Tout n’est pas encore bien clair dans les esprits. Le billet de Richard Pitre pose un certain nombre de questions pertinentes :

 >>> Billet de Richard Pitre <<<